Soigner l'alcoolisme

Sommaire

 

L'alcoolisme requiert un diagnostic et des soins spécifiques. Contrairement aux idées reçues, pour soigner l'alcoolisme, il ne suffit pas seulement d'arrêter de boire, ce qui peut même s'avérer dangereux si vous ne respectez pas certaines étapes.

1. Faites évaluer votre niveau de dépendance à l’alcool

L’alcoolisme, ou alcoolodépendance, est le degré le plus grave de la dépendance à l’alcool. Vous pouvez avoir un problème avec l’alcool, en être dépendant psychologiquement, mais ne pas être forcément alcoolodépendant.

Dans le cas de l’alcoolisme, il s’agit d’une dépendance physique qui requiert des soins médicaux spécialisés. L’alcoolisme est le signe d’une dépendance physique, c’est-à-dire que l’organisme a besoin d’alcool. Ce besoin se manifeste par différents symptômes physiques désagréables et douloureux contraignant le malade à boire même s’il n’en a pas envie. L’alcoolisme peut avoir des conséquences graves sur la santé de celui qui boit :

  • pancréatite (inflammation grave du pancréas) ;
  • cirrhose (maladie chronique du foie dont les lésions sont irréversibles) ;
  • problèmes digestifs, etc.

C'est pourquoi une évaluation de votre problème d'alcool est une première étape indispensable. Pour cela, consultez votre médecin traitant, un médecin alcoologue ou un addictologue.

2. Acceptez de vous faire aider

Il est important que vous acceptiez l'idée qu'arrêter de boire ou diminuer vos consommations n'est pas qu'une question de volonté, et qu'à ce stade, vous ne maîtrisez pas tout.

L’alcoolisme, c’est-à-dire la dépendance physique à l’alcool, nécessite des soins médicaux qui vous aideront à arrêter vos consommations. C'est un processus complexe, car des besoins physiologiques, certaines habitudes, une situation professionnelle, familiale, conjugale difficile peuvent compliquer votre souhait et votre capacité à sortir de l'alcoolisme. 

Il est donc indispensable que la personne qui boit accepte de se faire soigner. Contraindre un alcoolique à arrêter de boire s’avère le plus souvent sans résultat.

3. Arrêtez de boire sous surveillance médicale

Une personne qui est alcoolique, c’est-à-dire qui a développé une dépendance physique à l’alcool, ne doit pas arrêter de boire seule. L’arrêt de l’alcool doit toujours se faire sous surveillance médicale, car l’organisme n’est pas préparé à être privé d’alcool. Arrêter seul de boire peut avoir des conséquences graves :

  • crises d’angoisse ;
  • perte de connaissance ;
  • hallucinations.

Si tous les médecins généralistes ne sont pas alcoologues, consulter son médecin traitant est souvent la porte d’entrée vers des soins plus spécialisés.

Ne vous inquiétez pas si votre médecin traitant vous suggère l’arrêt de l’alcool et que vous ne vous sentez pas prêt immédiatement. Dans ce cas-là, exprimez-lui vos craintes et demandez-lui à être orienté vers un médecin alcoologue ou un centre spécialisé (centre de soin d’accompagnement et de prévention en addictologie, CSAPA) qui mettra en place avec vous un projet personnalisé.

À noter : les autorités de santé reconnaissent la place privilégiée des médecins généralistes pour repérer et accompagner les personnes concernées.

Le CSAPA est un centre de consultation ambulatoire composé d’une équipe spécialisée en alcoologie :

  • médecin addictologue ;
  • psychologue ;
  • éducateur spécialisé et/ou assistante sociale ;
  • infirmière.

Bon à savoir : la HAS (Haute Autorité de Santé) préconise le recours à un traitement médicamenteux (acamprosate ou naltrexone) en complément d’une prise en charge psychosociale.

Le CSAPA évaluera après quelques entretiens l’intérêt d’une prise en charge en centre de cure, avec votre accord. Les consultations en CSAPA sont gratuites.

À​ noter : si vous ne souhaitez pas en parler à votre médecin traitant, vous pouvez directement contacter un CSAPA. Pour cela, il suffit de téléphoner aux centres d’appels spécialisés qui peuvent vous orienter vers le CSAPA le plus proche de chez vous : Alcool Info Service et Alcool Ecoute.

4. Essayez de comprendre les raisons de votre alcoolisme

L'homme ou la femme qui boit ne le fait pas sans raisons, et traiter l’alcoolisme implique aussi souvent de traiter les raisons qui conduisent à boire.

Réfléchissez avec l'aide d'un professionnel aux raisons et aux déclencheurs

Les raisons de boire et les déclencheurs sont nombreux et peuvent être très différents d'une personne à une autre. Ils ne peuvent pas être tous répertoriés, mais en voici quelques exemples :

  • des événements douloureux non surmontés ;
  • des difficultés sociales, professionnelles, familiales, conjugales ;
  • des tensions accumulées tout au long de la journée, et le besoin ressenti le soir de se détendre rapidement ;
  • un environnement amical propice à l'alcoolisation.

Envisagez des prises en charge complémentaires

Si des soins médicaux sont indispensables pour traiter l’alcoolisme, il est important d'envisager d’autres types de prises en charge tout aussi nécessaires et aidantes.

  • Une prise en charge psychologique, en consultant un psychologue.
  • Une prise en charge sociale, en étant accompagné ou orienté par une assistante sociale dans vos démarches vers le soin, mais aussi pour faire le point sur vos droits et les aides sociales et financières dont vous avez besoin.
  • Un accompagnement familial et/ou conjugal, en consultant un professionnel (psychologue et travailleurs sociaux formés à l'addictologie) qui vous recevra en famille ou en couple. Il est en effet fréquent de travailler la question de l'alcoolisme avec l'entourage, car les raisons et les incidences de l'alcoolisme ne concernent pas que celui qui boit.

5. Les différentes étapes du traitement pour soigner l’alcoolisme

Une fois que l’alcoolisme est diagnostiqué, vient la phase du traitement qui se déroule en plusieurs phases. Quand cela est possible (en l'absence de nécessité médicale absolue), préparez suffisamment votre projet de départ en cure, sans vous précipiter.

  • Traiter la dépendance physique de l’alcool passe nécessairement par une période de sevrage. Celle-ci pourra s’effectuer le plus souvent dans un service de médecine de l’hôpital et dure en moyenne 7 jours.
  • À la période de sevrage doit succéder une période de consolidation de l’abstinence en centre de cure, dont la durée est en moyenne de 1 mois.
  • Si cela s’avère insuffisant, envisagez une post-cure qui pourra être incluse au projet de soin et s'étendre sur plusieurs mois. Les établissements spécialisés dans les post-cures proposent de nombreuses activités à visée thérapeutique (groupes de parole, ateliers créatifs, sport, etc.) qui vous aideront à comprendre et à sortir de votre fonctionnement habituel. 

6. Préparez votre retour au domicile

Avant le départ en cure, les relations familiales et/ou conjugales sont souvent devenues difficiles. Si l'arrêt de l'alcool est très vivement souhaité par l'entourage, l'abstinence n'est pas toujours le signe immédiat de l'arrêt des problèmes. L'alcoolisme, quelle que soit son origine, a souvent profondément conditionné la vie de tous les membres de la famille.

Important : après le sevrage, l'étape de consolidation de l'abstinence est une étape difficile. C'est pourquoi l'accompagnement psycho-social et familial mis en place au début de votre prise en charge devra impérativement être poursuivi.

À votre retour de cure, vous pouvez avoir envie de boire à nouveau, votre entourage peut ne pas avoir encore dépassé une certaine rancune, avoir du mal à vous faire confiance, et donc vous surveiller.

C'est pourquoi le retour au domicile après une cure doit lui aussi faire l'objet d'une préparation :

  • durant votre séjour en cure, envisagez avec les professionnels qui vous suivent les changements nécessaires pour réorganiser vos relations avec votre entourage et apprendre à communiquer différemment. Certains centres de cure proposent des entretiens familiaux pour favoriser un retour du patient dans de bonnes conditions ;
  • une fois le retour de cure effectué, continuez à être suivi par des professionnels spécialisés afin d'aborder d'éventuelles difficultés liées à ce retour. Il pourra le plus souvent vous être proposé des entretiens familiaux et/ou conjugaux afin que le maintien de l'abstinence se passe dans les meilleures conditions possibles au domicile.

7. Appuyez-vous sur les groupes d’anciens buveurs

Aller à la rencontre d'anciens buveurs peut être une aide supplémentaire pour soigner l’alcoolisme. Il s’agit d’associations composées d’hommes et de femmes qui rencontrent ou qui ont rencontré un problème d’alcool. Écouter des témoignages et participer à des discussions permet de se sentir moins seul avec son problème d’alcool.

Il existe différents groupes d’anciens buveurs, les deux plus célèbres étant les Alcooliques Anonymes et le Mouvement Vie Libre.

Ces pros peuvent vous aider