Alcoolisme juvénile

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Depuis quelque temps, la consommation d'alcool chez les jeunes augmente de manière inquiétante un peu partout en Europe. Cette évolution est notamment le résultat d'une triste mode, le « binge drinking ».

Quels sont les risques encourus pour la santé ? Comment éviter à un jeune de tomber dans l'alcoolisme ?

L'alcoolisme juvénile en quelques chiffres

Depuis quelques années, les jeunes consomment de plus en plus d'alcool. Les filles, jusque-là plutôt épargnées, tendent à « rattraper » les garçons. En moyenne, le premier verre d'alcool (en général du cidre ou du champagne) est consommé à 12 ans dans le cadre familial.

Une étude menée en 2010 révèle que :

  • 59 % des élèves de 6e ont déjà consommé de l'alcool ;
  • 83 % en 3e ;
  • 93 % en terminale.

S'ils ne boivent pas tous les jours (bien que 8 % des jeunes de 17 ans aient une consommation d’alcool régulière), les adolescents boivent, en général, en très grande quantité au cours de sorties, fêtes étudiantes, soirées entre copains : c'est ce qu'on appelle le « binge drinking » :

  • Encore appelé « biture expresse » ou « alcool défonce », il consiste à boire de grandes quantités d'alcool sur une période très courte. Le jeune atteint très vite un état d'hyper-alcoolisation.
  • Cette alcoolisation excessive est renforcée par les mélanges réalisés par les jeunes.

À noter : les taux de binge drinking sont particulièrement élevés au Royaume-Uni et au Portugal tandis qu'ils sont beaucoup plus bas dans les pays nordiques et parmi les femmes d'Europe centrale ou de l'Est. En France, environ 50 % des 18-25 ans ont des épisodes de binge drinking (25 % dans le mois passé, 10 % dans la semaine passée).

Les alcools les plus consommés chez les moins de 25 ans sont :

  • les bières ;
  • les alcools forts : vodka, rhum, whisky, etc.

Causes de l'alcoolisme juvénile

Les jeunes peuvent se mettre à boire pour différentes raisons :

  • l'envie de faire comme les autres et d'intégrer un groupe ;
  • l'envie de tester ses limites face à l'alcool ;
  • le passage par une sorte de rite de passage pour certains ;
  • le sentiment de mal-être lié à l'adolescence ;
  • c'est aussi une façon de masquer la peur de l'avenir et des responsabilités d'adulte.

Alcoolisme juvénile : les risques pour la santé

Les risques de l'alcoolisme juvénile sont nombreux. À l'état d'alcoolisme chronique, ce sont les risques classiques de l'alcool qui prédominent :

  • nausée ;
  • maux de tête ;
  • vomissements ;
  • perte d'équilibre, etc.

Mais à plus ou moins long terme, l'alcoolisation excessive entraîne des maladies graves comme :

  • la cirrhose et les cancers du foie ;
  • les autres cancers dus à l'alcool (estomac, œsophage, etc.) ;
  • l'hypertension et le risque d'AVC et d'infarctus du myocarde.

Lors d'alcoolisme aigu, comme dans le cas d'un binge drinking, les risques sont également multiples :

  • violence dans la rue (agressions, accidents, viols, etc.) ;
  • accident de la route ;
  • installation d'une dépendance qui peut mener à l'alcoolisme ;
  • coma éthylique ;
  • séquelles multiples : troubles de la mémoire et des autres fonctions cognitives notamment (les jeunes pratiquant le binge drinking ont beaucoup plus de perte de substance blanche - la partie du cerveau reliant les neurones - que les autres).

Comment éviter à un jeune de tomber dans l'alcoolisme ?

La législation française a mis en place un certain nombre de règles pour protéger les mineurs. Par exemple, ils ne peuvent pas acheter de boissons alcoolisées ou consommer de l'alcool dans un café ou un lieu public.

Mais c'est en priorité à la famille de limiter au mieux ce type de problème.

  • Si la prise d'alcool est rare, il faut que les parents et/ou les amis mettent en garde le jeune en lui expliquant les dangers que représente l'alcool pour la santé. Cependant, il est contre-productif de le réprimander sans lui expliquer pourquoi.
  • Si l'état d'alcoolisation se répète bien trop souvent, il est primordial de consulter un médecin ou un addictologue. Un accompagnement psychologique sera indissociable au sevrage alcoolique. En effet, l'alcoolisme juvénile cache souvent des problèmes plus profonds.

Alcool et mineurs : interdiction de la vente et de l'incitation à la consommation

Il est interdit de vendre de l'alcool à un mineur, dans un bar ou à emporter. Le commerçant qui enfreint cette loi s'expose à une amende de 7 500 € et à une interdiction d'exploiter.

C'est à la personne qui délivre la boisson d'exiger du client qu'il établisse la preuve de sa majorité (article L. 3342-1 du Code de la Santé Publique).

Une affiche rappelant les dispositions relatives à la protection des mineurs doit être apposée dans les débits de boissons. Les modalités de cet affichage ont été précisées par un arrêté du 17 octobre 2016, qui prévoit également que les sites internet de vente en ligne d'alcool affichent des bandeaux rappelant cette interdiction. Le message doit être présent sur les pages d’accueil et de paiement et ne peut être modifié.

De plus, il est interdit de vendre ou offrir à un mineur un produit incitant directement à la consommation excessive d’alcool. La liste des objets concernés figure dans un décret du 6 octobre 2016 : « les jeux, vêtements, accessoires de mode, éléments décoratifs, ustensiles et accessoires pour appareils électroniques dont la présentation, le logo, la dénomination ou le slogan incite directement à la consommation excessive d’alcool par un mineur ». La vente de tels produits à des mineurs est sanctionnée pénalement par un an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende.

À savoir : les parents faisant boire leurs enfants jusqu'à l'ivresse encourent eux aussi des sanctions pénales (retrait de l'autorité parentale, amende, stage de responsabilité parentale...).

Ces pros peuvent vous aider